Qu’est ce qu’une phobie?
La phobie est un trouble psychique de la classe des troubles anxieux caractérisé par une peur pathologique incontrôlable et démesurée de certains objets, animaux, lieux ou situations particulières. On différencie les phobies spécifiques qui concernent un élément ou une situation précise, des phobies complexes qui sont essentiellement constituées de phobies sociales. Les troubles phobiques sont répartis en cinq grandes catégories:
- Phobies d’ animaux,
- Phobies d’éléments naturels,
- Phobie du sang,
- Phobie de type situationnel,
- Les autres phobies.
Les troubles phobiques sont communs en France et concernent environ 12 % de la population ¹. Lorsqu’elle est confrontée à la source de sa peur, la personne souffrant de phobie éprouve une angoisse intense qui peut se manifester par des symptômes somatiques violents (tremblements, difficultés à respirer, frissons, douleurs abdominales) pouvant parfois dégénérer en véritable crise de panique. L’anxiété peut aussi survenir par anticipation de l’objet de ses peurs, on parle alors d’anxiété anticipatoire. La cause réelle des phobies reste inconnue mais on dénote toutefois qu’elles sont souvent liées soit à des événements traumatisants, soit apprises à travers les peurs des parents et de l’entourage, soit résulter d’un changement dans le fonctionnement du cerveau. Le sujet atteint de phobie aura tendance à aménager sa vie en évitant l’objet du stress, ce qui peut avoir un impact considérable sur son existence, enfermant peu à peu l’individu dans un cercle vicieux particulièrement invalidant. Des traitements efficaces dont la psychothérapie ont fait leur preuves et peuvent apporter un réel soulagement aux personnes souffrant de ces troubles.
La phobie scolaire
Il est important de souligner qu’il ne s’agit pas d’un simple caprice ou de faire l’école buissonnière car même les élèves qui aiment apprendre peuvent être touchés par ce trouble. La phobie scolaire aussi appelée refus scolaire anxieux est une véritable souffrance reconnaissable chez l’enfant quand il ressent une angoisse irrationnelle si envahissante qu’il ne lui est plus possible de continuer d’aller à l’école. Cette peur intense de l’environnement scolaire peut se manifester par des symptômes somatiques divers comme les maux de ventre, les nausées, la diarrhée accompagnée d’une grande détresse psychique pouvant aller jusqu’à la crise de panique.
Environ 5 % des motifs de consultation en pédopsychiatrie sont en relation avec le refus scolaire anxieux, car il toucherait entre 1 et 2 % des enfants d’âge scolaire en France ². La phobie scolaire peut résulter de nombreuses causes d’ordre familial comme la séparation des parents, la mort d’un proche, ou une attente trop grande des parents, mais il peut aussi s’agir de difficultés au sein de l’établissement scolaire comme de l’harcèlement, une mauvaise entente avec le professeur, ou encore des difficultés d’apprentissage. Il existe certains risques associés comme les troubles du sommeil, la dépression, la baisse d’estime de soi et le risque suicidaire.
Il est conseillé aux parents de consulter au plus vite un psychologue ou un pédopsychiatre pour procéder à des tests et établir un diagnostic qui permettra une prise en charge adaptée et une réinsertion rapide de l’enfant.
L’agoraphobie
Centres commerciaux, cinémas, restaurants, transports en commun, autoroutes, marchés, plages …nombreux sont les endroits où l’on est susceptible de rencontrer la foule. Cependant, même si on a souvent tendance à croire que l’agoraphobie est uniquement un trouble caractérisé par la peur des endroits fréquentés, la réalité est bien plus complexe. L’agoraphobie englobe en fait un groupe bien défini de phobies en rapport avec l’appréhension de se retrouver dans un lieu où une situation où l’on ne peut pas s’échapper facilement ou trouver du secours aisément en cas de malaise. L’agoraphobe redoutera donc en général les bains de foules mais il est aussi fort possible qu’il craigne les milieux déserts et fermés ainsi que les lieux clos comme les transports en commun, les avions et les trains, les escalators et les tunnels…
Pour pallier au stress généré par ces situations, la personne souffrant de ce trouble va recourir à des évitements subtils en se faisant accompagner, en restant près des sorties de secours, en parcourant un trajet calculé ou en ouvrant les fenêtres dans un endroit confiné par exemple. Les symptômes de l’agoraphobie incluent des réactions physiques allant des vertiges et nausées en passant par les sueurs, les jambes qui flageolent, les palpitations, les bouffées de chaleur, les maux de ventre et l’attaque de panique. L’agoraphobie peut se révéler être un trouble très handicapant et parfois source d’isolement. Certains événements éprouvants et traumatisants peuvent être à l’origine de ce trouble comme les accidents de la route, les conflits armés, les attentats ou un drame personnel comme le décès d’un proche, une agression ou encore la perte d’un emploi.
Les thérapies cognitivo-comportementales se sont révélées particulièrement efficaces dans le traitement de l’agoraphobie.
La phobie d’impulsion
La phobie d’impulsion est un symptôme encore méconnu caractérisé par une peur obsédante de perdre le contrôle de soi et de commettre un acte violent, meurtrier ou répréhensible contre soi-même ou autrui. En réalité, il ne s’agit pas à proprement dire d’une phobie mais de la manifestation d’un trouble obsessionnel compulsif (TOC). En effet, ce trouble se manifeste d’abord par des pensées intrusives de nature violente, agressive ou moralement déviante qui provoquent une profonde détresse chez la personne qui en souffre et qui n’a aucun moyen de les empêcher de surgir dans son esprit. Ces pensées obsessionnelles vont générer une grande anxiété et une culpabilité chez cette personne qui, pour réduire leur présence, va adopter des comportements appelés compulsions dont le but sera de la rassurer qu’elle ne commettra jamais ces actes redoutés ( ruminations, évitements, recherche constante de réassurance chez les autres, répétition de prières , de listes ou de formules mentales …). La technique de psychothérapie la plus reconnue pour traiter ce trouble est la thérapie comportementale et cognitive qui aide le patient à remplacer progressivement ces schémas mentaux négatifs et à contrôler ses compulsions.
Autres phobies
Bien qu’il n’existe pas de liste officielle ou exhaustive des phobies, elles sont extrêmement nombreuses et variées. Un nombre quasi infini d’objets et de situations susceptibles de déclencher une phobie s’ajoute régulièrement aux classifications et les chercheurs ont trouvé un moyen astucieux de les répertorier en utilisant un préfixe grec pour définir les nouveaux troubles phobiques qui apparaissent. Parmi les phobies les plus communes on trouve:
- L’acrophobie, la peur des hauteurs
- L’aérobie, la peur de l’avion
- L’arachnophobie, la peur des araignées
- L’astraphobie, la peur du tonnerre et des éclairs
- L’autophobie, la peur d’être seul
- L’ochlophobie, la peur de la foule
- La claustrophobie, la peur des espaces confinés
- L’hémophobie, la peur du sang
- L’hydrophobie, la peur de l’eau
- L’ophidiophobie, la peur des serpents.
D’autres phobies plus inhabituelles incluent:
- La graphocratiaphobie, phobie administrative ou peur des tâches administratives
- L’ émétophobie, la peur de vomir
- La coulrophobie, la peur des clowns
- La cathisophobie, la peur de s’asseoir.
La prévalence et les comorbidités
Les pathologies fréquemment associées aux phobies spécifiques sont les troubles dépressifs, les troubles anxieux, le syndrome de stress post-traumatique, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), les troubles bipolaires et l’agoraphobie. Nombreuses sont les personnes souffrant d’une phobie spécifique qui souffrent d’autres phobies, qui s’aggravent avec le temps.
Une étude épidémiologique conduite en France en 2005 révélait que 11,6 % de Français souffraient de phobies spécifiques, 4,7 % de phobies sociales et 1,8 % d’agoraphobie ³.
Qui consulter pour une phobie ?
Si vous souffrez d’une phobie, n’hésitez pas à en parler à votre médecin traitant qui vous dirigera vers un psychothérapeute ou un psychologue pour établir un diagnostic précis. Ces professionnels de la santé mentale pourront vous aider à gérer votre phobie et la soigner efficacement. La thérapie d’exposition et la thérapie cognitivo-comportementale notamment sont les traitements les plus efficaces des troubles phobiques pour vous aider à modifier vos réactions face à l’objet, l’animal ou à la situation dont vous avez peur.
Quels sont les traitements pour une phobie ?
Il existe plusieurs outils thérapeutiques utilisés dans le traitement des phobies :
- La Thérapie Cognitivo-comportementale:
Durant cette psychothérapie, le thérapeute aidera le patient à surmonter sa peur grâce à un programme progressif d’exposition (en imagination et/ou en réalité virtuelle) pour le désensibiliser de sa peur. Le patient apprendra à gérer son anxiété et à contrôler ses réactions en association de la relaxtion et de la pleine conscience aux situations angoissantes. Grâce à la restructuration cognitive, le patient prendra du recul et modifiera les jugements négatifs liés à l’objet de ses craintes et développera une compréhension plus rationnelle du danger.
- L’ EMDR ou l’intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires:
Cette méthode thérapeutique qui utilise les mouvements oculaires pour traiter divers troubles psychiatriques a obtenu un bon taux de réussite dans le traitement des phobies spécifiques.
Le thérapeute demande au patient de repenser à l’objet, l’animal ou la situation phobogène tout fixant un objet en mouvement. Ces mouvements oculaires rapides stimulent le passage des souvenirs traumatisants dans de nouvelles zones cérébrales où l’information est stockée sans sa charge émotionnelle.
- La sophrologie :
Le principe de la sophrologie basé sur les techniques de relaxation conjuguées avec la recherche du lâcher prise et la visualisation d’images positives est très efficace pour gérer les phobies simples comme la peur de l’avion, la peur du noir ou l’arachnophobie. Cette thérapie permet d’atténuer ces troubles, de maîtriser ses réactions et de remplacer les idées négatives associées aux phobies par des pensées apaisantes et positives.
- La technique d’identification sensorielle des peurs inconscientes – TIPI :
Cette approche holistique vise à déraciner les peurs qui sont à l’origine de nombreux troubles mentaux liés aux phobies et à l’anxiété. La méthode évolue en 3 étapes où le sujet est confronté à sa phobie puis se projette mentalement dans un lieu où il se sent en sécurité pour ensuite porter son attention sur les sensations physiques présentes dans son corps. La méthode cherche à agir sur les pensées qui auparavant provoquaient la confusion ou la peur pour les remplacer par une sensation de bien-être.
- Approche médicamenteuse :
Les médicaments peuvent être utilisés de façon ponctuelle pour apporter un soulagement à l’anxiété provoquée par les phobies spécifiques. Par exemple, un praticien pourra prescrire un anxiolytique pour aider une personne qui doit affronter sa peur de prendre l’avion avant un voyage.
Cependant pour ce qui est des phobies sociales, un traitement de fond peut être entamé sur une durée de plusieurs mois.
Les antidépresseurs sont les médicaments les plus utilisés dans ce cas et l’on peut citer : le citalopram (Celexa), l’escitalopram (Lexapro), la fluoxétine (Prozac), la paroxétine (Paxil) et la sertraline (Zoloft).
La TCC pour traiter les phobies
Si vous souhaitez vous débarrasser d’une peur qui vous empêche de vivre sereinement au quotidien et/ou d’accomplir ce qui est important pour vous, la thérapie cognitivo-comportementale est le traitement le plus recommandé dans le traitement des phobies.
Grâce à une analyse fonctionnelle des schémas de pensée et des comportements, votre thérapeute pourra vous aider à comprendre quels types de pensées et de comportements exacerbent votre phobie. Puis, grâce à la psychoéducation et des exercices concrets de prise de recul et de conscience, le thérapeute vous incitera à découvrir de nouvelles perspectives et des stratégies plus efficaces qui pourront vous accompagner dans la réduction, la gestion puis la suppression totale de vos phobies les plus envahissantes et handicapantes.
Le thérapeute pourra également recourir à la thérapie d’exposition discutée plus haut, qui fait en général partie de la composante comportementale du traitement. Il peut alors se servir d’exercices d’exposition progressive à la phobie, jusqu’à la désensibilisation complète du patient.
Par exemple, si vous souffrez de cynophobie, (peur des chiens), votre thérapeute pourra d’abord vous demander de parler de chien, de lire des livres sur les chiens, vous montrer des photos de chiens, puis vous demander de visionner un film sur les chiens. Il peut ensuite vous inviter à jouer avec un chiot inoffensif et à aller dans une animalerie.
Le principe de la thérapie d’exposition est de s’habituer progressivement à être exposé à une situation phobique, de manière accessible et sécurisée, afin de se rendre compte de l’aspect non dangereux de la situation et l’augmentation puis de la diminution de l’émotion et des sensations corporelles désagréables. En s’habituant à cette présence, l’association situation spécifique – peur créé précédemment s’atténuera progressivement et la situation phobogène initiale sera beaucoup moins vue et ressentie comme une source de danger et de stress.
Dernière mise-à-jour : 2021.10.26